« Monsieur Doggy, personnage amphibie, est né malgré moi et grâce à la vertu insoupçonnée de ma myopie !
J’ai créé une cinquantaine de planches de 70 par 50 centimètres présentant le petit monde de ce « héros » aux vêtements de clown.
Dans sa forme picturale, j’ai essayé d’épurer le trait le plus possible. Je ne voulais pas utiliser de couleurs de peur de brimer l’imaginaire. Je me suis contraint à n’utiliser aucun dialogue afin d’aiguiser la force narrative des situations. Il ne s’agit pas de bande dessinée, ni de dessin dans un sens strict de terme, ni le fragment d’un story-board. Il s’agit de tout cela à la fois. Au fur et à mesure de ce long travail de dessins, de duplication sur papier calque, de répétition de motifs, je forgeais des aventures pour Monsieur Doggy. Mais aussi de nouveaux éléments de son environnement : son compagnon à quatre pattes (La Bête), une poule pondeuse ou encore… le globe terrestre.
Durant cette période de travail, j’ai relu plusieurs romans de l’écrivain tchèque, Bohumil Hrabal, comme une nécessité. Et inlassablement, les haut-parleurs diffusaient en boucle les Gymnopédies et les Gnossiennes de M. Satie.
Le monde de Monsieur Doggy s’articule autour de l’absurde et de la naïveté. Les effets dévastateurs du temps, le revers du bonheur, la difficile quête de soi, la joie aveugle de l’amour, l’irresponsabilité du progrès : voilà en quelques lignes l’univers et les préoccupations de Monsieur Doggy.
Il est fort probable que celles-ci soient aussi les nôtres. » p.g.